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détenteurs du bon gout
26 décembre 2010

Petit conte moraliste de Noël, ou pourquoi, la Fnac c'est de la merde.

fnac_bellecour_17598    VS    lieux_alternatif_librairie_le_bal_des_ardents


Il était une fois un jeune couple qui détenait le bon goût. Mais malheureusement, ils étaient pauvres. Des fois, ils achetaient des livres, mais souvent de poche, quand ils écoutaient des disques c’étaient ceux empruntés à la médiathèque, et leurs films étaient d’occasion.

Ils rêvaient cependant d’un bel avenir et d’une retraite dorée dans une maison isolée. Et dans cette maison ils auraient une pièce entièrement consacrée à leurs livres qu’ils imaginaient comme la pinacothèque de Milan ou la bibliothèque historique de Trinity College.

Des fois ils se retrouvaient tout les deux devant le rayon littérature française de la plus belle librairie de Lyon, et, à la lettre B, ils bavaient devant l’œuvre complète de Georges Bataille, paru dans la collection Blanche de Gallimard en douze tomes. Mais le premier volume coûtait 45€, ce qui faisait beaucoup pour leur maigre budget.

Or, un jour, Mademoiselle acquit par la magie de la région Rhône-Alpes, une jolie carte sur laquelle étaient crédités 80€ de bons d’achat valables sur des livres. Il s’averrait néanmoins que cette carte n’était pas valable partout. C’était le revers maléfique de tout don magique. Elle devait, pour dépenser cet argent, se rendre dans un de ces lieux maudits que l’on nomme couramment « grande surface culturelle ». Elle prit toutefois son courage à deux mains, et se rendit dans ledit endroit qui commence par un F et qui finit par un NAC. Faute d’y trouver le premier volume elle passa commande afin d’offrir à son bien-aimé l’ouvrage tant convoité de Georges Bataille.

Après trois semaines sans nouvelles de sa commande, elle reçut un message lui annonçant sans autre forme de procès que cette dernière ne pouvait être honorée. Quelle ne fut pas sa colère et sa tristesse face à ce terrible aveu  d’incompétence. Mais, elle ne se découragea point. Elle se rendit dans deux autres lieux maléfiques pour tenter d’y trouver l’ouvrage adoré, avec l’espoir que la taille des grandes surfaces culturelles soient garantes de présence de fonds. Mais de Décitre et de Chapitres, elle ressortit bredouille.

La morale de cette histoire, c’est que malgré la disponibilité et l’accessibilité d’un ouvrage (la collection Blanche de Gallimard étant juste l’une des références en matière d’édition francophone, en témoigne Sartre, Aragon, Beauvoir, Claudel, Proust, Breton, Camus etc.) , qui peut être obtenu en moins d’une semaine pour peu que l’on s'en donne la peine, la Fnac et ses acolytes s’en cognent.

La deuxième morale de cette histoire c’est que la région ferait bien d’essayer de travailler avec ses « petits » libraires si elle ne veut pas que son centre ville soit transformé en enfilade de banques et de supérettes.

La troisième et dernière morale de cette histoire, c’est que malgré leur importance en terme de taille, les grandes surfaces culturelles ne travaillent que sur la vente facile, les nouveautés et les gros tirages, et si ça c’était le bon goût, ça se saurait.

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