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détenteurs du bon gout
29 novembre 2011

Armand aime le polar et se lance dans le gonzo 2/3

Nouveau disque, du jazz toujours, et une tasse café, faute de whisky (oui, le squatteur de divan est parti avec les bouteilles, notamment cet excellent Ardbeg Ten).

ardbeg

Je m'attaque à un classique, celui qui, finalement, m'aura le plus déçu : Le grand sommeil de Raymond Chandler.

grand sommeil

Si, c'est un bon livre, avec Humphrey Bogart et tout ça, mais l'intrigue est toute embrouillée, l'affaire est résolue à la page 120, ensuite on patauge dans l'improbable. Et l'on se rend compte que, finalement, les personnages sont plus fouillés que le scénario (comme dans un gonzo ?). Parce que le détective Marlowe est un sacré bon gars, méchant comme il faut, gentleman comme il faut, capable de mentir comme il faut, bref, c'est un grand homme. Oui, Marlowe est l'Homme Américain des années 30 et 40, celui qui est fort et ne doute de rien, celui qui va conquérir le monde et l'espace avec son seul caractère inébranlable, celui à la mâchoire carrée décorée d'une perpétuelle cigarette au coin des lèvres, celui qui boit whisky sur whisky à chaque fois qu'il rencontre quelqu'un sans jamais être bourré, celui dont les filles tombent amoureuses mais qu'il rejette car il sait dire non. Marlowe est le gourou ultime d'un monde aujourd'hui disparu.

            bogart

A noter tout de même qu'il faudrait, pour l'exercice, lire ce livre en anglais, puis en français, car les différences entre les deux versions doivent être abyssales. Pourquoi ? Because le grand Boris Vian est celui qui a signé la traduction. Allez, si, un bon point pour Le Grand sommeil et ses femmes fatales et faciles et fragiles et agaçantes.

Quitte à faire dans le classique et le polar adapté au cinéma, autant faire un tour du côté de David Goodis pour Tirez sur le pianiste. Jean-Pierre Martinet (l'immense), dans un lettre à Alfred Eibel, tire un portrait plus qu'élogieux sur le bonhomme, alors l'envie m'a pris d'y jeter un petit œil. Bien vu. On y trouve des gangsters minables, encore moins charismatiques que les deux loosers de Fargo des frères Coen, on y trouve une nénette jolie comme tout mais tellement abrutie et pénible qu'on a envie de la gifler à chaque page. On retrouve un gros malabar au cerveau atrophié parce qu'il a été catcheur dans une vie antérieure, et un pianiste de génie que sa femme a quitté et qui se retrouve donc à plaquer quatre accords rendus inaudibles par le brouhaha futile des pauvres gars qui se retrouvent dans un rade minable pour boire un coup et laisser derrière eux leur dure journée de travail. Donc, on a des malheureux à qui il arrive des malheurs, bref, tout ce qu'on aime quand on est chaudement lové dans son douillet divan, une tasse de café à la main et la terrible froideur du dehors bloquée par la fenêtre.

tirez pianiste

Quoi ? C'est tout pour Tirez sur le pianiste ? Pas d'autres commentaires ? Un petit mot sur l'adaptation de Truffaut ? Non, Truffaut viendra plus tard, et ça ne va pas être joli-joli pour sa pomme. Pour faire un bilan, Armand doit avouer qu'il aime se plonger dans le polar parce qu'il y trouve des personnages complètement au bout du rouleau et c'est typiquement le genre de personnages qu'il affectionne. Et, par dessus tout, Armand aime la langue de ces livres, cet argot si particulier, si truculent, si drôle, si enrichissant, où les filles sont des souris ou des poupées ou des poulettes et où on sort comme qui dirait pour guincher et où la syntaxe est-y pas régulièrement mise à mal et foutuement hasardeuse. Oui, quel bonheur de se trouver emporter si loin des froids académismes qui gangrènent aujourd'hui la langue française et se romans nombrilistes. Ho qu'il est délicieux de se plonger dans ces polars américains intemporels plutôt que de subir la triste course aux prix littéraires français, de se battre avec ces textes pompeux et prétentieux et vomitifs, où le pontifiant tutoie l'abominable, où les histoires sont plates comma la fille de huit ans, et le style aussi insignifiant que le poil qui pousse au menton du cadavre.

Citation de Jean-Pierre Martinet – Lettre à Alfred Eibel – le 16/01/1987

« Ces histoires de plumard et de suceuses de bites m'emmerdent souverainement. A bas l'amour ! Il y a trop de bouquins comme ça sur les rayons des librairies et c'est peut-être pour ça que les romans finissent par ne plus intéresser grand monde. Les scribouillards qui tournent autour de leur bite, ces soit-disant romancières qui n'en sont pas encore revenues d'avoir une chatte entre les jambes, non merci. [...] Merde alors, vive le silence si la littérature c'est [je remplace] Laurent Gaudé ou [je remplace] Carole Martinez. »

martinet

Merci JP !

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Commentaires
L
MDR
I
Fous moi de suite les références de la correspondance de JP.<br /> <br /> (ps: même misogyne tu es grand, ça m'énerve)
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