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détenteurs du bon gout
27 février 2011

Cent dollars pour un sheriff borgne, ça s’appelle une arnaque

truegrit

 

Il faut dire ce qui est : vos chers Ina et Armand ont une vie palpitante ces temps-ci et ils ont donc moins de temps à consacrer à vous dicter le bon goût. Ils lisent des livres grandioses et voient des nanars merveilleux. Et puis, hier soir, vos maîtres à penser se sont fait une jolie petite sortie : une bonne pizza chez Carlo (non Ina, les fruits de mer n’étaient pas surgelés) suivi d’un bon film, True Grit. Oui, bon film, pas bien plus, parce que les bons frangins Coen ont juste eu envie de se faire plaisir sans se casser la tête.

Il suffit de n’être ni sourd ni aveugle pour se rendre compte du matraquage qu’il y a en ce moment autour de ce film : les affiches sont partout, le bon vieux Jeff Bridges fait la couverture de mille et un magazines, bref, True Grit, c’est LA sortie cinéma du mois de février. Mais pourquoi tant d’attente autour de ce film ? Ça fait quinze ans que les Coen’s brothers n’ont pas fait un chef d’œuvre (oui, je suis un peu dur avec The Big Lebowski, O’Brothers, No country for zinzin, Burn after Reading qui sont de bons films mais pas des films de la trempe inatteignable de Fargo). Le genre du western est mort depuis au mieux vingt ans (Impitoyable restera comme le film qui a enterré le genre, et la carrière de Clint Eastwood), au pire quarante (remember Peckinpah & Arthur Penn). Alors quoi ? Et bien, à la vue du film, on se demande toujours parce que cette nouvelle levée ne restera pas, elle non plus, dans les annales du cinéma.

Que se passe-t-il dans ce film ? Un western, ce qui signifie favoris hirsutes et barbes improbables, rustres alcooliques et femmes-objets battues. Voilà pour les clichés du genre. Ils sont tous respectés, sauf que la femme-objet a quatorze ans et elle est plus maligne, plus courageuse et plus forte que tous les hommes qui l’entourent (et elle a le droit d‘avoir un poney). Son cher papa s’est fait descendre par un malfrat recherché au Texas. Elle décide de payer un marshal un poil barbare pour le retrouver et le faire pendre. Le western classique, en somme. Sauf qu’à la différence des western des années trente et cinquante qui ont construit le genre, le marshal en question n’est pas John Wayne, il n’est pas le plus rusé, il n’a pas la classe américaine, il n’est pas obnubilé par la loi et la justice et il n’a aucune haine particulière envers les Indiens. Au contraire, Jeff Bridges (car c’est bien de lui qu’il s’agit) est une ruine, un borgne alcoolique, illettré et il tombe de cheval dès qu’il est saoul comme une outre.

Parce que si le scénario est basique et sans surprise et si la réalisation est sans surprise et basique, il demeure quand même deux trois scènes géniales où l’on retrouve un peu l’univers des Coen époque Fargo. Apparaissent donc de temps à autres des personnages abrutis, dégénérés et à côté de la plaque : un type habité habillé d’une tête d’ours, tout heureux d’avoir récupéré quelques dents sur un cadavre troqué à un Indien, un taré rondouillard qui pousse des cris d’animaux divers, plus une scène merveilleuse où Jeff bourré et Matt Damon outré dans sa fierté jouent à qui à la plus grosse en tirant sur des biscuits lancés dans les airs.

Qu’a-t-on donc ? Quelques fulgurances par-ci par-là parce que, quand même, ce n’est pas le premier minable venu qui a réalisé ce film. Le tout est donc bien, mais pas top. En même temps, pas sûr que J&E Coen aient cherché à faire mieux. Le pire de tout ça, c’est que, d’après Wikipedia, ce film (produit par l’immense imposteur Steven Spielberg, il fallait quand même que je le case quelque part celui-là) est le plus gros succès des Coen au box-office américain. Tout est dit.

truegritours

 

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Commentaires
S
Bah, c'est un peu lui qui a rédigé l'article donc c'est marqué au dessus...
C
Content de savoir que vous l'avez vu! Et il en pense quoi Armand?
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