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détenteurs du bon gout
28 novembre 2010

Kaboom ou comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe

kaboom_gregg_araki



Ce qui est bien avec le temps qui passe c’est qu’il nous permet de juger froidement la qualité des choses et nous permet, souvent, de réviser nos jugements. Cette déclaration pompeuse et sentencieuse est rendue juste par l’exemple frappant de Fitzgerald : considéré comme un tocard has been à la fin des années 30, il devient l’un des plus grands écrivains de l’histoire cinquante ans plus tard.

Mais il y a un contre-exemple, comme pour chaque règle, et c’est là qu’on arrive à ce film merveilleux de Gregg Araki : Kaboom. On sait, dès la première image, que ce film sera le plus grand film de la décennie, et certainement un des films majeurs du 21ème siècle.

D’aucuns me traiteraient de fou après avoir écrit cela, d’autres me retireraient toute crédibilité (si tant est que j’en eusse), mais je m’explique. Dans la décennie 2000, trois films écrasent tous les autres par leur qualité, leur génie, leur beauté, leur construction, leur foisonnement, leur lumière, leur scénario, leur jeu d’acteur, leur… bref : Elephant de Gus Van Sant, Mulholland Drive et Inland Empire de David Lynch (certes, on peut ajouter Dogville de Lars Von Trier, mais ce film ne sert pas tellement le propos à venir). Ces trois films, disais-je, vont marquer l’histoire du cinéma autant que « La Recherche » (comme disent les initiés) a pu marquer l’histoire de la littérature, les montres molles du génial Salvador l’histoire des beaux arts (prends ça Guernica) ou la bombe atomique l’Histoire tout court. Et bien il se trouve que Kaboom est un mélange parfait de ces trois films.

Prenez des ados/jeunes adultes et mettez-les en scène dans un univers coloré à la beauté glacée (oh la jolie photo d’Elephant !), prenez des acteurs et des actrices beaux comme des demi-dieux (oh Naomi dans Mulholland Drive !), prenez des masques de lapin (oh la sitcom savoureuse de Inland Empire !) et, voici que dans votre shaker magique, sort Kaboom. Il faut aussi ajouter la fluidité de la mise en scène d’Elephant et les rêves paranoïaques et absurdes de notre bon ami David Lynch.

Mais alors, Kaboom serait-il une simple copie de trois bons films ? Une jolie resucée ? C’est tout ? Et c’est là-dessus que ce gars-là s’extasie ? Et bien non, il n’y a pas que ça ! Ajoutons l’humour cinglant, ajoutons un décalage nécessaire entre les deux parties du film (teen movie agréable pendant trente minutes, mise en scène de la conspiration dans la dernière heure), soit une construction parfaitement menée, ajoutons également quelques rebondissements dignes des meilleurs films d’espionnage américains des années 70, et voici le fantastique, merveilleux et exceptionnel Kaboom.

Sans oublier le dernier ingrédient, celui sur lequel se termine le film, le coup de grâce porté à un spectateur déjà ébloui par tant de bonheur : une relecture merveilleuse du maître K, de son film le plus absurde, Docteur Folamour et son sous-titre en forme de guide d’utilisation (How I learned to stop worrying and love the bomb). Non, vraiment, il y a des films qui sont voués à traverser les siècles avec, d’emblée, l’étiquette du chef d’œuvre.

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